Le poker est engagé dans une lutte depuis de nombreuses années pour que la société le reconnaisse enfin à sa juste valeur, c’est-à-dire comme un sport mental. Cette discipline mélange la pratique des cartes avec la notion de pari, le tout complémenté par un facteur chance qu’il est impossible de nier. Mais il nécessite aussi des qualités spécifiques, telles que la création d’une stratégie poker efficace ou l’importance de savoir faire travailler son cerveau et ses capacités cognitives à chaque partie. Autour de la table, la chance seule ne suffira jamais, car il faut aussi savoir adapter son jeu en fonction de sa position, et ceci n’est pas donné à tout le monde. C’est un talent que seuls les meilleurs joueurs parviennent à maîtriser.

D’ailleurs, le simple fait qu’il y ait des joueurs meilleurs que d’autres entre en contradiction avec l’idée reçue selon laquelle le poker ne serait qu’un jeu dominé par le hasard. Le vrai dilemme est de savoir lequel de ces pourcentages est le plus élevé dans une partie de poker, celui des compétences ou celui de la chance. Pour tenter de répondre à cette question, plusieurs études scientifiques ont été menées et les résultats penchaient parfois d’un côté, parfois de l’autre. Pour dire vrai, les deux hypothèses pourraient être exactes.

Alors est-ce injuste de considérer le poker seulement comme une activité où la chance fait tout ? Sans l’ombre d’un doute, car il est clair que le facteur psychologique y joue un rôle déterminant. En 2010, l’Association Internationale des Sports Mentaux (IMSA) a tenté de taper du poing sur la table en incluant le poker au sein de son institution, lui offrant de fait la dénomination de sport de l’esprit. Ses compagnons tels que les échecs, les dames, le bridge ou le mah-jong l’accueillirent à bras ouverts. Malgré tout, cet effort ne fut pas suffisant pour une grande partie de la population qui n’eut que faire des recommandations de l’IMSA.

Et c’est pour cela que le poker n’a jusqu’alors jamais vraiment été considéré comme un sport à part entière et qu’il n’a donc pu réussir à atteindre ses hautes ambitions, et notamment celle d’un jour pouvoir être représenté aux Jeux Olympiques. Il y a pourtant certains pays qui ont écouté les arguments de l’IMSA et qui ont accepté de reconnaître le poker comme un véritable sport. Ce sont de ces pays dont nous allons parler à présent.

Brésil

Le premier de tous les pays fut le Brésil. La nation carioca comptait une grande communauté de joueurs, dont certains étaient très connus et avaient déjà remporté de beaux succès aussi bien sur des tournois en ligne que des compétitions en présentiel. Ceci décida la Confédération Brésilienne de Texas Hold’em à lancer tout un processus en Janvier 2009, dans le but de convaincre le gouvernement brésilien de reconnaître le poker comme un sport officiel. Cela prit 3 ans, mais le Ministère des Sports finit par accéder à leur requête en 2012, et le poker devint officiellement un sport.

« Le poker sportif est une forme de compétition qui exige de ses pratiquants à la fois intelligence, compétences sociales et capacités mentales pour réussir », dira l’administration brésilienne. Ceci permit la création d’un solide circuit professionnel dans la région, mais aussi de lancer une véritable frénésie du poker chez les plus jeunes qui en apprirent les règles de poker dès leur plus jeune âge, bien qu’il ne leur fut pas possible de participer à des tournois avant leur majorité.

L’étape suivante fut de voir des personnes venant d’autres strates de la société finir par s’intéresser aux cartes. Les plus marquants furent les footballeurs professionnels qui virent dans le poker un bon moyen de continuer à ressentir l’adrénaline de la compétition à un âge où ils n’étaient plus capables de supporter l’effort physique du football. Des noms célèbres comme ceux de Ronaldo, Julio Baptista ou Neymar Jr. furent ceux qui ouvrirent en grand les portes du poker aux sportifs professionnels.

Argentine

Au vu de ce qui était en train de se passer au Brésil, il n’était plus qu’une question de temps avant que d’autres pays d’Amérique Latine se rendent compte que le chemin emprunté par leur voisin était le bon. Et surtout parce que la popularité et la pratique du poker n’ont cessé de progresser sur ce continent. L’année 2012 vit la création de la Fédération Latino-Américaine de Poker, à laquelle ont adhéré la plupart des pays d’Amérique du Sud, ainsi que celle de la Confédération Panaméricaine de Poker Sportif, qui touchait d’autres régions des Amériques.

Et l’autre géant de l’Amérique Latine, l’Argentine, a pris son temps avant de déclarer le poker comme un sport à part entière, mais le pays franchit le cap finalement en 2021, ce qui fut une grande victoire pour l’Association Argentine de Poker qui a travaillé main dans la main avec la Confédération Argentine des Sports. Tous deux ont réussi à légitimer cette discipline, dans l’espoir d’enfin mettre un terme à la criminalisation des pratiquants les plus assidus et des professionnels du poker.

Mexique

Le Mexique est un autre pays qui a reconnu le poker à sa juste valeur en 2017, notamment grâce à l’Association Officielle du Territoire Aztèque. Rien ne fut simple toutefois, et il leur fallut développer des filiales dans plusieurs états afin de créer un réseau suffisamment important pour parvenir à convaincre la Commission Nationale de Culture Physique et Sportive, qui avait le dernier mot en la matière.

Pour les Mexicains, l’issue positive annoncée par cette commission se produisit la même année que celle de l’organisation des tout premiers championnats nationaux, qui est sans aucun doute la meilleure nouvelle possible pour tous les fans de poker d’un même pays. D’autant plus que ce tournoi offrait la possibilité de jouer à des variantes assez simples du poker aussi bien qu’à d’autres réservées plutôt aux professionnels. Du poker accessible à tout le monde en définitive.

Inde

Nous terminerons notre exposé en parlant du cas de l’Inde, bien que la situation dans ce pays y soit assez particulière. En effet, les jeux d’argent sont prohibés sur la totalité du territoire indien, mais chaque état peut contrer cette législation en promulguant ses propres lois, suivant là un exemple extrêmement similaire au système politique des États-Unis. Ainsi certains états de l’Inde considèrent le poker comme un sport où avoir des compétences est nécessaire pour l’emporter, tandis qu’il est tout simplement interdit d’y jouer dans d’autres régions.

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