Le poker est une activité passionnante et stimulante à laquelle on peut s’adonner pendant des heures. Mais comme toute activité, le fait d’y consacrer beaucoup de temps sans interruption peut avoir un impact invisible de prime abord. On ne parle pas de la déception que vous éprouvez quand vous perdez une partie ou que votre bankroll diminue, mais des conséquences émotionnelles liées à la pratique du poker pendant une période prolongée. Si vous vous êtes inscrit à un programme complet de tournois en ligne de quatorze jours d’affilée, ou si vous vous préparez à disputer le plus gros tournoi de l’année à Las Vegas, vous préparer à cette épreuve de force mentale ne peut être que profitable et EV+.

Le coût de la compétition

Tous les fans de poker aiment l’aspect compétitif du jeu, mais à force d’essayer de battre ses adversaires, main après main, le cerveau subit une pression croissante. Quel que soit le domaine, il est toujours stressant d’essayer de surpasser un autre être humain, peu importe que la victoire ou la défaite soit au bout du chemin. C’est d’autant plus vrai au poker, où chaque nouvelle main constitue une nouvelle épreuve.

Même si vous connaissez vos forces et savez percevoir les faiblesses des autres, il est très difficile d’identifier ses propres faiblesses sur le plan mental. Qu’est-ce qui nous fait tilter ? Qu’est-ce qui nous met en colère, nous perturbe ou nous frustre à la table de poker ? Ce sont toutes ces émotions qui pèsent sur notre mental pendant que nous jouons et il est essentiel de se ressourcer, non seulement physiquement en faisant des pauses, en prenant des jours de repos ou en s’éloignant des tables quelque temps, mais aussi mentalement. Pour préserver votre équilibre émotionnel, vous devez vous accorder des moments de détente totale, oublier les mains et ne plus vous poser de questions pendant un petit moment.

Le tilt

Le tilt est un état d’esprit négatif dans lequel vous plongez quand vous perdez une main, quand vous ratez un bon jeu, quand vous vous couchez alors que l’adversaire bluffait, quand votre propre bluff se fait démasquer ou pour plein d’autres raisons. L’idée est de toujours garder la tête froide pour ne pas flancher. Le poker a beau être le plus grand jeu de cartes de la terre et l’activité la plus jouissive que l’on puisse pratiquer ailleurs que sur un matelas bien ferme, il peut aussi se révéler terriblement frustrant. À en juger par leur palmarès, les joueurs de poker ont un esprit logique, mathématique, conçu pour la gagne. Mais ils sont aussi émotionnellement fragiles, souvent rebelles et si créatifs qu’on pourrait leur demander d’écrire le scénario du prochain concours de l’Eurovision de la chanson. Le tilt est une menace qui plane sur chacun d’entre nous, mais il est crucial de ne jamais le laisser contrôler notre comportement ou nos décisions dans une main de poker. Si cela vous arrive, suivez nos conseils pour en sortir, et essayez de comprendre pourquoi vous vous êtes laissé embarquer. Si vous trouvez comment ne plus le laisser vous submerger, alors vous aurez vaincu l’un des plus gros obstacles du poker.

La patience

L’un des plus gros atouts des bons joueurs de poker est leur patience. Être patient, ce n’est pas seulement attendre que la meilleure main se présente pour engager vos jetons. Au poker, la patience peut être le facteur déterminant d’une myriade de situations. Par exemple, laisser le temps à deux adversaires de s’affronter et ne pas intervenir avant qu’ils n’aient terminé leur joute. Vous devrez parfois patienter jusqu’à ce que la bonne table s’ouvre, celle qui vous permettra de jouer le jeu dans lequel vous êtes le plus doué, au lieu de vous asseoir sur la première table disponible pour assouvir votre soif de jouer. Le poker est un jeu de longue haleine, que vous preniez part à un duel avec de fortes blindes ou que vous affrontiez des milliers de joueurs lors d’un énorme Main Event du Powerfest à dotation garantie.

Il est toujours difficile de faire preuve de patience dans la vie, qu’il s’agisse d’acheter une télévision panoramique pour voir l’Euro ou de faire tapis quand on a 15 grosses blindes alors que la situation n’est pas au beau fixe. Mais si la perspective de devoir faire preuve de discipline sans aucun soutien vous semble aussi plaisante qu’un after sur le thème des systèmes pyramidaux organisé par Howard Lederer, c’est pourtant une qualité primordiale pour tout joueur de poker de haut niveau. Soyez patient et vous serez récompensé. Et maintenant, comptez jusqu’à dix avant de lire le prochain conseil. Si vous en avez la patience !

Connaître son ennemi

Qu’il s’agisse de poker ou non, ce sont bien souvent les autres qui nous affectent le plus sur le plan émotionnel. “L’enfer, c’est les autres”, c’est bien connu. Parfois, on se dit que l’humanité se porterait bien mieux sans les autres ! Pas vous ? Imaginez que le même joueur large/agressif place un 3-bet sur quatre mains d’affilée à la bulle.

Vous pouvez porter des lunettes de soleil ou mettre vos écouteurs pour masquer vos émotions sur la table de poker, mais la vérité, c’est qu’il est impossible d’échapper aux autres joueurs, alors le mieux à faire est encore d’apprendre à comprendre les autres.

Apprenez à connaître les différents types de joueurs de poker et de personnalités, car c’est par la connaissance que l’on parvient à maîtriser toute situation. C’est aussi important que l’on veuille jouer en position intermédiaire, ou appréhender les intentions des autres joueurs. Pénétrez dans l’esprit des autres et il vous sera plus facile de stabiliser le vôtre. Tout au moins, vous disposerez d’éléments d’information, ce qui constitue déjà un puissant avantage à la table de poker.

Gravissez les échelons

On dit souvent que le poker est un jeu fait de niveaux. Si en apparence un amateur a autant de chances qu’un joueur expérimenté de gagner une main, ce n’est pas tout à fait vrai en raison de plusieurs facteurs, le principal étant de réaliser qu’il existe différents niveaux dans ce jeu. Vous ne jouerez pas pareil contre Chris Moorman ou le joueur qui vient dépenser son bonus de Noël au bar du coin après avoir bu l’équivalent de son poids en bourbon. Naturellement, vous les traiterez avec le même respect, mais vous ne jouerez pas de la même façon selon l’adversaire qui se tient face à vous.

Prendre conscience du niveau de poker que vous devez jouer vous aidera à garder la tête froide et à maîtriser vos émotions. Si vous deviez prendre part à un Super High Roller avec droit d’entrée de 100 000 $ face aux huit meilleurs joueurs du monde, comment vous sentiriez-vous ? Personnellement, on commanderait huit shots de schnaps pour tout le monde et une bonne tisane relaxante pour nous, en espérant que cela suffise à faire chuter le niveau de nos adversaires. A l’inverse, si on se trouvait à une table où personne ne connaît les règles du jeu alors que l’on sait comment faire un continuation bet, un barrel ou bluffer, on aurait conscience de notre supériorité face à tante Marie prête à miser l’argent de sa retraite.

Sur la plupart des tables, les buy-ins permettent de vous faire jouer contre des joueurs dont le niveau est proche du vôtre, et d’éviter un fossé comme celui qui nous sépare de notre pauvre tante Marie (qui ne sait même pas mélanger ses jetons). Assurez-vous de bien connaître votre niveau et de savoir déterminer vos cibles et leur bête noire, mais aussi de faire preuve de respect envers ceux qui jouent à un niveau plus avancé. Cela vous permettra d’apprendre d’eux, et éventuellement de les rejoindre. Si vous ne suivez pas cette voie, les joueurs moins avancés finiront par se hisser à votre niveau et, au lieu que ce soit vous qui leur piquiez leur retraite, c’est eux qui vous déroberont votre nouveau pull de Noël !

Maîtrisez votre ego

Flash info : on a tous besoin de flatter son ego de temps en temps, mais le monde n’a jamais été aussi douillet pour l’égo qu’aujourd’hui dans le domaine du poker. Il existe des centaines d’articles, de podcasts, de statistiques, d’analyses, de classements, d’interviews, de vidéos et d’astuces sur le sujet, et à force de consommer ces contenus, il est facile de croire que l’on est le prochain Phil Ivey.

Mais on révèle le scoop : il est tout aussi facile de commettre une erreur et de perdre. Parfois, vous serez mauvais, et cela vous coûtera cher. Dans votre carrière de joueur de poker, il vous arrivera de vous asseoir à une table à laquelle vous serez la cible, même après avoir lu cet article.

Avoir confiance en soi est essentiel au poker, mais l’humilité l’est tout autant, car la frontière entre confiance et arrogance est mince, comme l’ombre du moustique qui distingue la douleur d’une piqûre de l’agonie de la défaite. Le poker reste un jeu de longue haleine, et ni la victoire ni la défaite ne constituent une fin en soi. Garder la tête froide signifie que vous devez maîtriser vos émotions, accepter de ne pas être le maître du jeu ni le dernier des planctons. Vous êtes comme tous les joueurs de poker et tous les êtres humains : émotionnellement fragile, à moins de constituer les réserves nécessaires pour faire face à tout ce que le poker vous réserve.

Consacrez du temps à l’aspect mental du poker, et votre bien-être sur le feutre rejaillira également en dehors des tables de poker. Ce qui améliorera encore votre jeu.

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